L’Horizon

par Nicolas Rouget, 2013

[extrait du texte]

L’homme construit lui-même la ligne d’horizon qui permet aux choses d’apparaître ensemble, mais chaque horizon associe une clôture et une ouverture puisqu’il recule à mesure que nous avançons et se recompose à chaque fois. L’horizon n’est donc pas un motif comme les autres, il n’existe que par rapport à notre vision et à travers elle. Ce motif abstrait et insaisissable questionne notre perception du paysage et notre place dans cet environnement. Comment les choses se réfléchissent en nous et comment nous réfléchissons par elles. Le bleu du ciel « se pense en moi », disait magnifiquement Merleau-Ponty, « je suis le ciel même qui se rassemble, se recueille et se met à exister pour soi ».
Le paysage permet également de réfléchir sur des questions de société, car la plupart de nos paysages sont créés et façonnés par l’homme. La frontière est un motif concret permettant l’établissement d’un espace de rencontre entre l’autre et soi. Aujourd’hui, dans un monde dit « ouvert », qu’est-ce que l’idée de frontières ? Où sont-elles et que nous disent-elles sur l’homme ?
L’Horizon, c’est faire l’expérience de paysage, le vivre, le subir, s’y confronter. C’est aussi accepter à travers une errance régulière que ce soit le paysage qui vienne à soi.